Les acquisitions de munitions en légère hausse pour les 4 prochaines années

Dernier tir du lance-mine 72 avant l'introduction du mortier 19, dont le stock de munitions sera renforcé, @Bataillon de Carabiniers 1

Dernier volet de notre « série » d’articles sur les acquisitions de matériel, le court papier d’aujourd’hui se focalisera sur le renouvèlement des stocks de munitions. Pour rappel, lesdites acquisitions se font dorénavant dans le cadre d’un arrêté sur 4 ans (2024-2027) comprenant les études de projets, les essais et préparatifs d’achats (EEP), l’équipement personnel et le matériel à renouveler (BER), ainsi que les acquisitions et la gestion des munitions.

Ainsi, ces dernières années, l’armée a pu compter sur des crédits compris entre 172 millions (2021) et 110 millions (2023). Ces montants sur divisés en trois chapitres : l’acquisition et la maintenance de munitions de tous calibres (pour pistolet, fusil, mortier, canons, nébulogènes, etc.), leur révision après un certain temps passé dans les entrepôts et leur élimination après la fin de leur durée de vie, si elles n’ont pas été utilisée entretemps. Le premier volet se taille évidemment la part du lion.

L’armée indique qu’en règle générale, 40% des munitions de petit calibre consommées annuellement le sont pour l’instruction de la troupe au maniement de son arme personnelle tandis que 30% sont distribués aux sociétés de tir. Sachant que ces dernières ont commandé 26 millions de cartouches en 2022 et 38 en 2023, le calcul est assez facile à établir. Ainsi, ce sont entre 80 et 90 millions de cartouches qui sont commandées chaque année. À noter que l’impressionnante progression dans la consommation des munitions par les sociétés de tir est notamment due à l’annonce d’une hausse du prix de la GP11 pour 2024, hausse qui n’a finalement pas eu lieu. Dans cette optique, les sociétés avaient probablement voulu constituer quelques réserves de munitions au tarif moins élevé.

L’arrêté fédéral expose par ailleurs que le nombre de participants aux exercices fédéraux est en augmentation entre 2021 et 2022, de même que le nombre de cartouche délivrées. En effet, 97 000 personnes ont effectué leurs tirs obligatoires en 2022 auxquels s’ajoutent 62 000 volontaires, contre 93 000 astreints et 60 000 volontaires l’année précédentes. 116 000 tireurs ont participé au Tir Fédéral en Campagne en 2022, contre 105 000 en 2021. Cette tendance s’inscrira-t-elle sur le long terme ? Y a-t-il un lien avec le conflit en Ukraine ? Nous tâcherons de répondre à ces questions dès que les chiffres 2023 seront en notre possession ! Le tir hors du service et sportif ayant à notre sens une importance certaine dans l’état de préparation de nos forces armées, il convient en effet de s’y intéresser.

Quoi qu’il en soit, le DDPS demande pour les 4 prochaines années 720 millions de francs pour l’acquisition et la gestion de ses munitions, soit 180 millions de francs par année. Là encore, la majorité des commandes serviront à renouveler les stocks de munitions de petits calibres (GP11 et 90, 9mm, 8.6mm, 12.7mm, etc.). Des obus de 81 mm pour le mortier 19 seront également commandés, de même que des obus de 30 mm polyvalents et flèche, 120 mm polyvalents et 155 mm, respectivement pour les CV-90, Leopard 2 et M109. Toutes ces acquisitions coûteront 592.1 millions de francs.

L’armée indique également que la plupart des munitions peuvent être stockées durant 30 ans, moyennant des conditions adéquates et des contrôles réguliers. Il est prévu 58,3 millions de francs pour la révision des munitions. Sont citées en exemple les grenades à main et les charges cratères.

Enfin, 69,6 millions de francs serviront à l’élimination de munitions et du matériel de l’armée. Aucune précision n’est donnée quant à la nature de ces éliminations. Tout au plus est-il précisé que le mandat est confié à RUAG MRO et que les matériels pouvant encore présenter du potentiel sont revendus.

Si une petite augmentation de ce poste est perceptible, l’on décèle que l’augmentation des stocks de munitions n’est pas la priorité du DDPS. L’on peut supputer que l’accent a plutôt été mis sur le retour de certaines capacités. En effet, constituer des stocks est certainement plus facile et moins long et coûteux que d’acquérir de nouveaux systèmes d’armes et de les introduire auprès de la troupe. Le budget de l’armée étant limité, on peut penser que le choix a été fait d’augmenter, dans un premier temps, la palette des moyens de l’armée, puis de travailler dans un second temps sur sa masse et sa capacité à durer. Dans ce cadre, l’augmentation des stocks de munitions est plutôt passée au second plan.

Sources :

https://www.vtg.admin.ch/fr/actualite/themes/armeebotschaft-2024.html#dokumente

https://www.fedlex.admin.ch/eli/fga/2023/621/fr

https://www.fedlex.admin.ch/eli/fga/2022/615/fr

https://www.newsd.admin.ch/newsd/message/attachments/65299.pdf