La Suisse achètera le F-35 et des mortiers 12 cm 16 supplémentaires

Il n’aura sans doute pas échappé aux amateurs des questions de défense et d’aéronautique suisses qu’il s’était passé une ou deux bricoles ces derniers jours dans notre pays.

Ainsi, jeudi dernier, le Conseil national a approuvé l’achat de 36 avions F-35 à l’américain Lockheed Martin pour 6 milliards de francs. Par 124 voix contre 66, la chambre basse du parlement a en effet décidé d’aller de l’avant de ce dossier. Et elle n’aura pas été déçue puisque le contrat d’acquisition a entre Armasuisse et le gouvernement américain a été signé aujourd’hui à Berne.

Les parlementaires de la majorité n’ont pas suivi le Parti socialiste et les Verts, qui ont fait de multiples propositions pour renvoyer ce projet au Conseil fédéral. Pour ces derniers, le programme est trop risqué, rend la Suisse dépendante des États-Unis et nous fait acquérir un avion inadapté à nos besoins. La gauche se bat en effet depuis juin 2021 et l’annonce du choix du gouvernement pour, soi-disant, favoriser un avion européen, faisant feu de tout bois contre l’aéronef d’outre-Atlantique.

Dans le même temps, l’acquisition de 5 batteries de Patriot a été approuvée pour 1,987 milliard de francs. De même, les parlementaires ont approuvé à l’unanimité la construction de trois nouveaux bâtiments visant à l’instruction et le stockage pour le nouveau système sol-air.

En revanche, le National a refusé par 104 voix contre 89 d’entrer en matière sur la mise hors service de nos antiques F-5 Tiger. Même si cela n’est pas une surprise, le choix des deux chambres semble contestable. Le retrait de ces avions était prévu de longue date, et voulu par les Forces aériennes. C’est que ces chasseurs hors d’âge ne peuvent plus voler que de jour et par beau temps, avec des performances très en deçà de celles des F/A-18, et des F-35, et cela pour 44 millions de francs annuels, sans compter d’éventuels investissements de 25 millions de francs pour des réparations structurelles plus lourdes. Des sommes importantes en regard de l’utilité des F-5. La droite ne l’a pas entendu de cette oreille et a souhaité conserver les 26 exemplaires dans l’inventaire, principalement pour l’entraînement. Rappelons cependant qu’ils ne servent pratiquement plus que comme plastron, c’est-à-dire d’adversaire pour les pilotes de F/A-18. Les sommes investies dans ces machines auraient été mieux investies dans la recherche de solution de remplacement, car les conseillers de la majorité bourgeoise n’ont fait ici que de repousser l’inévitable, sans assurer une quelconque continuité sécuritaire, comme ils semblent le croire. Il est d’ailleurs piquant que les politiciens souhaitent prolonger encore l’usage de ces machines le jour même où ils approuvent l’acquisition de leur successeur.

Pour rappel, le programme d’armement ne comprenait initialement que le volet aérien, mais la guerre en Ukraine a amené le Conseil fédéral à proposer des acquisitions supplémentaires. Celles-ci sont des mesures pour le domaine cyber (110 millions de francs) et l’acquisition de 12 mortiers 12 cm 16 supplémentaires, pour la bagatelle de 175 millions de francs, soit 14.5 millions de francs la pièce…

En ce qui concerne les autres volets du Message sur l’armée 2022, les 710 millions de francs visant à acheter du matériel (informatique, communication, simulateurs, pièces de rechange, tenues, véhicules et munitions) ont été approuvés. La Chambre des cantons a augmenté l’enveloppe du Conseil fédéral de 15 millions. Comme à leur habitude, la gauche et les Vert-Libéraux ont profité de ce volet pour attaquer les tirs obligatoires et les subventions y relatives accordées aux sociétés de tir, sans succès.

Enfin, le programme immobilier obtiendra 349 millions. Les crédits concernent un magasin pour les textiles pour 62 millions de francs, à Thoune (BE), une nouvelle halle à véhicules (19 millions), un atelier et un centre d’intendance sur la Base aérienne d’Alpnach (OW) pour 18 millions de francs, ainsi que d’autres projets (250 millions de francs).

Le gros volet militaire de cette session parlementaire, l’acquisition du F-35, est donc entériné. La saga politique concernant cette acquisition touche-t-elle à sa fin ? Assurément pas ! Il s’agira premièrement de voir ce que le comité d’initiative fera de son texte et si nous voterons sur la question, puis de constater si l’avion de Lockheed Martin et le Conseil fédéral tiennent leurs promesses dans les années à venir !