Une augmentation de la solde pour les militaires ?

Livrets et documents de vérification des données personnelles, @Keystone/Marti Ruetschi

Au printemps 2020, David Zuberbühler (UDC/AR) avait déposé une motion au Conseil national demandant de réévaluer la grille des soldes, l’actuelle datant de … 1987 ! Et pourtant le Conseil fédéral avait alors recommandé de rejeter ce texte au motif que… et bien on ne sait pas, le gouvernement n’ayant pas justifié sa position. Étayer sa position avec des arguments, c’est apparemment has been.

Durant la session d’été 2021 (31 mai-18 juin), la motion Zuberbühler a été traitée. Celui-ci a notamment avancé, après un long laïus qui n’avait pas grand-chose à voir avec l’objet, que « les 100 000 hommes qui renoncent à tant de choses pendant leur service en faveur de la population, qui font preuve d’engagement et de volonté de performance et qui assurent la protection des personnes dans notre pays, devraient également être correctement indemnisés en termes de salaire dans un esprit de véritable reconnaissance. »

Il a également ajouté que même si la « rémunération » des soldats dépendait aujourd’hui du régime de l’Assurance Perte de Gain (APG), la solde « reste un signe très fort d’appréciation pour ceux qui servent dans les forces armées. » Aussi, aimerait-il que le « salaire » des soldats soit adapté au niveau des prix d’aujourd’hui, qui n’ont évidemment plus rien à voir avec ceux de la fin des années 1980. Il a également avancé que « les cotisations des bénéficiaires de l’aide sociale et des réfugiés reconnus et admis provisoirement sont constamment adaptées au renchérissement selon les directives de la commission des assurances ».

Mme Amherd étant présente pour répondre, elle a enfin pu faire connaître les arguments du Conseil fédéral sur cette question. Celui-ci avance que la solde ne devrait pas être adaptée à l’inflation, car elle constitue un revenu symbolique, et non une rémunération. En outre, cette adaptation coûterait environ 15 millions annuellement au DDPS, alors que pour un soldat, cela ne représenterait que 2.25 CHF de plus par jour, ce qui reste peu important. Enfin, elle a indiqué qu’une augmentation de la solde des militaires impliquerait une adaptation similaire du côté du service civil et de la PCi, ajoutant 5 millions de francs supplémentaires à la facture, à charge de la Confédération, des cantons et des entreprises employant des civilistes.

Malgré ces diverses considérations, la motion a été largement acceptée, avec 117 voix pour et 67 contre. Le Conseil fédéral devra donc proposer une augmentation du régime des soldes. Il serait, à notre humble avis, pertinent de mettre en place, comme pour les autres rémunérations et allocations, un mécanisme d’adaptation automatique à l’inflation, arrondi à 50 ct. De cette manière, la solde, bien qu’effectivement symbolique, permettrait toujours au soldat de se payer un verre lors de sa sortie hebdomadaire. Tomber en-dessous de ce niveau créerait un autre symbole, extrêmement négatif cette fois-ci.

Sources :

https://www.24heures.ch/suisse/solde-change-guerre-froide/story/16647625

https://www.parlament.ch/fr/ratsbetrieb/suche-curia-vista/geschaeft?AffairId=20194599

https://www.parlament.ch/fr/ratsbetrieb/amtliches-bulletin/amtliches-bulletin-die-verhandlungen?SubjectId=53160