
Comme déjà relaté ici, l’alimentation en effectifs de l’armée rencontre passablement de défis actuellement et ceux-ci ne semblent pas près d’être réglé, entre l’image donnée par l’armée ces derniers temps, la diminution du nombre de jeunes de manière générale en Suisse et l’obligation de servir de facto à la carte.
Dans ce cadre, ce sont les alternatives au service militaire qui ont fait parler d’elles récemment au Palais fédéral. La première est l’initiative « service citoyen » visant à instaurer une obligation de servir pour tous les jeunes du pays, mais en leur proposant le choix de leur affectation, tout en garantissant les effectifs de l’armée et de la PCi, ce qui peut paraître contradictoire. Cela n’a pas échappé à l’œil d’une grande partie des conseillers nationaux, qui y voient un problème supplémentaire pour ces deux institutions, sans parler des problèmes de coûts. Au PS, l’on proposait un contre-projet pour le moins très indirect, puisqu’il ne proposait rien de moins que de réduire le temps de travail hebdomadaire, permettant ainsi, très théoriquement toutefois, aux personnes souhaitant s’engager pour la collectivité d’avoir du temps pour le faire. L’initiative comme son contre-projet ont été balayés et le dossier a été transmis au Conseil des États.
Les deux chambres se sont également accordées sur une mesure visant à obliger les personnes astreintes au service civil à effectuer au maximum 80 jours de service au sein de la PCi lorsque celle-ci est durablement en sous-effectif, ce qui est le cas actuellement. Elle ne peut en effet compter que sur 60 000 astreints actuellement alors que les effectifs réglementaires sont de 72 000 personnes. Selon les estimations du Conseil fédéral, ce chiffre devrait même tomber à 50 000 d’ici 2030 si rien n’était entrepris. Dans le même ordre d’idée, le Conseil fédéral a proposé aux chambres d’obliger les astreints au service militaire qui n’auraient pas accompli leur école de recrues avant 26 ans et qui sont donc libérées de leurs obligations militaires seront versées dans les rangs de la protection civile. De même, certains anciens militaires qui sont devenus inaptes au service militaire après avoir achevé leur école de recrues pourront être appelés à intégrer la protection civile, pour autant qu’ils aient encore au moins 80 jours de service à accomplir.
Si cette deuxième mesure ne devrait pas avoir un impact significatif sur les effectifs de la PCi, la première devrait permettre de pallier quelques peu aux soucis actuels, sans les résoudre toutefois. Pour cela, il faudrait une refonte plus profonde de l’obligation de servir, comme celle rejetée en 2020, notamment grâce de ce qui était encore le PDC. À l’époque, le parti du centre avait argué que durcir les conditions d’accès au service civil aurait entraîné une votation qui aurait déchiré la Suisse… Argument ridicule, puisque les votations portant sur des questions sensibles sont nombreuses en Suisse. Il semblerait plutôt que c’est le PDC lui-même qui était très divisé sur la question et qu’il ne fallait pas étaler les désaccords au moment où il était question de fusionner avec le PDB et de changer de nom.
Quoi qu’il en soit, les autorités politiques ne pourront faire l’économie du débat concernant l’obligation de servir. Celle-ci doit revenir à ses fondamentaux : servir la sécurité du pays. Pour ce faire, pas de miracle, le service civil doit redevenir l’exception, en étant notablement dissuasif et en réimpliquant un examen de conscience. Celui-ci a été aboli avec l’introduction du principe de la preuve par l’acte voulant que des gens prêts à effectuer une obligation 1.5 fois plus long que le service militaire doivent avoir une bonne raison à cela. Il semblerait surtout que ladite bonne raison soit que le service civil est tout simplement moins contraignant que le service militaire. Or cela sera difficilement effaçable, puisque le service militaire implique (ou devrait impliquer) de la promiscuité, des efforts physiques et psychiques importants, une structure hiérarchique stricte, etc.
Si le service militaire doit effectivement faire l’objet d’améliorations, le service civil ne doit plus être l’option facile. La première option de remplacement devrait, à notre sens, être la Protection Civile, qui remplit d’ailleurs aujourd’hui déjà tous les critères permettant à nos très nombreux « objecteurs de conscience » d’y effectuer leurs obligations.
Comme relaté depuis le début de l’année, les défis ne manquent pas au DDPS, mais celui des effectifs nous semble primordial : que ferons-nous avons nos nouveaux systèmes si nous ne disposons pas des soldats pour les mettre en œuvre ?
Sources :
https://www.vbs.admin.ch/fr/parlement-initiative-populaire-service-citoyen
https://www.24heures.ch/service-citoyen-le-conseil-national-refuse-linitiative-740199014667
https://www.vbs.admin.ch/fr/nsb?id=100952
https://www.vbs.admin.ch/fr/parlament-mesures-effectifs-protection-civile
https://www.tdg.ch/le-pdc-coule-in-extremis-la-reforme-du-service-civil-859940985275