Les M113 provisoirement immobilisés

Déchargement de M113 après un transport en train, @Brigade mécanisée 1, groupe d'artillerie 1

Le département l’a annoncé le 18 décembre, les derniers M113, au nombre de 248, seront provisoirement immobilisés. La cause ? Un défaut sur l’arbre de transmission, pouvant entraîner la rupture de celui-ci, a été constaté. La Base Logistique de l’Armée (BLA) se charge de contrôler l’entier de la flotte dans les meilleurs délais, et de commander les pièces de rechange au plus vite. Ce qui n’est pas une mince affaire, vu la demande actuelle et l’âge des véhicules.

Ainsi, il en résultera certainement des lacunes dans l’instruction des différentes unités utilisant le M113 durant le premier semestre 2024. L’artillerie se sert en effet de cette plateforme pour assurer la conduite et la direction des feux. Ce n’est pas la première fois que cette arme est touchée par le vieillissement important de son matériel puisque, rappelons-nous, les obusiers M-109 avaient eux aussi connu des problèmes sur leur bras tendeur, responsable de la tension de la chaîne des chenilles, au début de l’année 2022. À la même période, le système d’extinction du bloc moteur connaissait également des problèmes de maintenance, du fait du manque de pièces détachées.

C’est que, l’un comme l’autre, ces systèmes sont antédiluviens. Nos pères ou nos grands-pères les ont vus entrer en service dans les années 1960 et 1970 et ils ont donc souvent 2 fois l’âge des soldats qui les emploient. Malgré leur ancienneté, ils sont restés en service, en Suisse comme à l’étranger, car ils ont été produits dans des quantités phénoménales et les stocks de pièces disponibles le permettaient, surtout dans un contexte de déflation budgétaires. En outre, ils étaient relativement bien conçus, leur permettant de traverser les âges, pour peu que des revalorisations soient effectuées.

Notons d’ailleurs que ces différents éléments font qu’ils ont tous deux étés envoyés aux armées de Kiev. Si la maintenance est compliquée en Suisse, avec nos conditions d’entretien et d’utilisation, l’on peut imaginer ce qu’il en est dans sur les champs de bataille ukrainiens…

Ce nouvel incident démontre, si besoin était, que nos différentes flottes ont un besoin urgent de modernisation, faute de quoi les capacités de nos centres d’instruction à assurer leurs missions seront rapidement handicapées. Espérons que les augmentations budgétaires actées lors de cette session parlementaire permettront de remédier au plus tôt à ces lacunes.

Sources :

https://www.vbs.admin.ch/fr/nsb?id=99484

VON WARTBURG, Emanuel, « Spannarme der Panzerhaubitzen machen Probleme », in Allgemeine Schweizerische Militärzeitschrift, N°4, avril 2022, pp. 38-41.