Si le Programme d’Armement (PA) constitue souvent l’élément phare du Message sur l’armée (MA), les acquisitions de matériel n’en sont pas moins essentielles et nécessitent elles aussi d’importants crédits d’engagement. Comme expliqué dans l’article précédent dédié à ce chapitre du MA, les acquisitions de matériel sont désormais planifiées sur 4 ans (2024-2027) et comprennent les études de projets, les essais et préparatifs d’achats (EEP), l’équipement personnel et le matériel à renouveler (BER), ainsi que les acquisitions et la gestion des munitions.
Les EEP ayant été traités, place maintenant à l’un des autres objets de cet arrêté. En tout et pour tout, le BER devrait pouvoir compter sur 2 milliards de francs ces 4 prochaines années, si le Conseil fédéral et le Parlement parviennent effectivement à financer ces mesures. La situation financière de l’armée étant manifestement encore loin d’être éclaircie, il n’est pas dit que les 5 arrêtés compris dans le Message sur l’armée ne soient pas modifiés d’ici leur passage devant le Parlement. Quoi qu’il en soit, tâchons de nous pencher sur ce qui est proposé aujourd’hui. Comme pour les EEP, la liste est longue et nous tâcherons d’être les plus synthétiques possibles.
Comme nous avons pu le constater dans les autres volets du MA, et ceux des années précédentes, l’aide au commandement est un poste très gourmand d’un point de vue financier. Il en coûtera ainsi près de 618 millions de francs, notamment pour maintenir la valeur des systèmes actuellement en service, renouveler les licences des logiciels, mettre en place le centre d’entraînement cyber (achat du matériel informatique, des simulateurs et des licences), remplacer les appareils de chiffrement du système intégré d’exploration et d’émission radio ainsi que des composantes du système d’exploration électronique des liaisons satellites, modifier le système de guidage d’approche des Forces aériennes (changement des écrans et acquisition de pièces de rechange pour le radar) et acquérir un système d’alerte anticollision et un système de surveillance des périmètres des bases aériennes. La domotique du parc immobilier du DDPS étant très hétérogène, il est aussi prévu de l’harmoniser, notamment pour les sites critiques pour l’engagement, comme les centres de calcul, les installations de conduites et les bases aériennes. Enfin, il est également prévu d’uniformiser les moyens informatiques dédiés à la maintenance.
Le deuxième poste le plus important en termes financier est constitué des « autres matériels », soit toutes les petites acquisitions qui ne coûtent pas plus d’un demi-million de francs. Ceux-ci ne sont pas spécifiés, mais coûteront tout de même près de 310 millions de francs. Ensuite sont prévus 227 millions de francs pour l’habillement de la troupe. Les premières nouvelles tenues de travail, de combat et NBC commencent (enfin) à arriver auprès de la troupe mais le gros de la production devra être effectué durant ces prochaines années, raison pour laquelle ce montant est assez élevé.
En ce qui concerne les missions de soutien et de transport, il sera question d’acquérir de nouveaux véhicules pour les services du feu du DDPS, notamment pour la lutte contre les pollutions aux hydrocarbures, pour la lutte incendie en forêt et pour la protection respiratoire. Les troupes du génie ont quant à elles besoin de nouvelles machines de chantier comme des rétros et des chargeuses. De manière générale, l’armée achète annuellement un certain nombre de véhicule de tourisme pour renouveler la flotte existante. À l’avenir, ce seront notamment des véhicules électriques qui seront achetés, permettant de diminuer le besoin en carburant et en maintenance, tout en permettant de mieux utiliser la production photovoltaïque en cours d’installation sur les bâtiments de l’armée. Toujours dans le domaine de la mobilité verte, les 4000 vélos actuellement en service doivent aussi être remplacés. Ces différents postes nécessiteront 276,7 millions de francs.
Le matériel aéronautique comprend surtout l’acquisition de hangars de protection mobiles renforcés, pouvant être utilisés par n’importe quel temps et dans des conditions de sécurité critiques. Les Forces aériennes en possèdent déjà et les utilisent à l’occasion des missions à l’étranger mais ceux actuellement en service sont trop légers pour pouvoir être utilisés dans toutes les conditions climatiques et sécuritaires. Il en coûtera 211.5 millions de francs.
Le matériel d’instruction, notablement dédié au tir avec les stands et les simulateurs, doit également être renouvelé, notamment du fait de l’introduction du système de reconnaissance tactique TASYS au sein des unités d’artillerie. L’installation électronique doit donc être changée. Les cibles et les rails des places de tir le seront également, le tout pour 129,5 millions de francs.
106,6 millions de francs seront utilisés pour acquérir de nouveaux appareils d’analyse pour le centre de compétence NBC et le laboratoire de Spiez. 48,2 millions serviront à acquérir du nouveau petit matériel pour les troupes du génie et de sauvetage. 40.8 millions permettront d’acquérir un dispositif d’éclairage léger et mobile alimenté par batterie, au service des unités d’infanterie et du génie. 16,3 millions permettront d’acheter des nouvelles sangles pour le Fass 90 (on a seulement mis 34 ans à se rendre compte que celles initialement fournies étaient inutilisables sur le terrain et nécessitaient l’utilisation des fameuses « ficelles de combat…) ainsi que des appareils de pointage et de nouvelles lampes. À noter que ce fusil doit rester l’arme d’ordonnance de l’armée durant au moins encore 10 ans. Enfin, 16 millions de francs iront à l’acquisition de matériel de char et d’artillerie, sans qu’il en soit précisé la nature.
Sources :
https://www.vtg.admin.ch/fr/actualite/themes/armeebotschaft-2024.html#dokumente
