Le futur président du PLR remettra-t-il la sécurité au centre du débat politique suisse ?

Le futur président du PLR, l'Argovien Thierry Burkart, le lundi 3 avril 2023 dans la salle des pas perdus du Conseil national, à Berne, @service du Parlement/Alessandro della Valle (https://www.parlament.ch/fr/biografie/thierry-burkart/4189)

Ces dernières semaines, un certain nombre de noms circulaient pour reprendre la présidence du Parti libéral Radical Suisse à la suite de l’annonce de la démission de Petra Gössi. Après quelques retournements de situation, il semble que Thierry Burkart, conseiller aux États argovien de 45 ans, soit le seul encore en lice.

Or celui-ci a un profil relativement intéressant en ce qui concerne la politique de sécurité. En effet, en plus d’être capitaine à l’armée, il est président de la Verein für eine sichere Schweiz (société pour une Suisse plus sûre) qui milite pour une armée de milice forte et contre l’abolition du service militaire obligatoire, ainsi que du comité d’organisation des 200 ans de la Fédération Suisse de Tir. Enfin, il est coprésident de l’intergroupe parlementaire sur la politique de sécurité qui vise à échanger des informations entre partis dans ce domaine.

Le quotidien 24 Heures nous indique en outre que « au cours des deux ou trois dernières années, l’Argovien s’est diversifié dans la politique de sécurité. En 2020, il a dirigé le comité du oui lors du vote sur les avions de chasse. Il estime d’ailleurs que la Suisse devrait dépenser « beaucoup plus » d’argent pour la défense nationale qu’elle ne le fait aujourd’hui. […] Thierry Burkart sera le premier président du PLR depuis fort longtemps pour qui la défense nationale est une priorité. » Bien entendu, il ne s’agit pas du seul sujet sur lequel M. Burkart a des propositions, mais il est probable que les journalistes du plus grand quotidien vaudois se sont dit que celles-ci provoqueraient des réactions, et donneraient donc de la visibilité à leur article…

Quoi qu’il en soit, le futur président du PLR estime qu’un budget de 5 milliards par an est nettement insuffisant pour conserver les capacités actuelles et « combler de manière cohérente et rapide les lacunes en matière d’équipements dans les forces terrestres et aériennes, le commandement et la logistique. » Il estime en effet que « le terme trompeur de « dividendes de la paix » » a aveuglé la classe politique durant ces dernières décennies et qu’il faut dorénavant un changement rapide et drastique de cap. En outre, il souhaiterait que les critères d’admission au service civil soient resserrés, car celui-ci prive l’armée de cadres formés et compétents, et ce au travers d’une simple « procédure de transfert. » Enfin, il défend ardemment le principe de milice, car « en tant que pays de plein emploi, le passage d’une armée de milice à une armée de volontaires est impossible. » De plus, « une armée professionnelle qui ne serait pas intégrée dans une alliance militaire ne serait pas non plus en mesure de remplir le mandat de sécurité en cas de menaces accrues (terrorisme) ou le mandat de défense en cas de guerre. Ce sont précisément les nouvelles menaces (comme les cyber-risques) et les nouvelles technologies qui montrent les énormes avantages du système de milice : l’armée de milice bénéficie du savoir-faire professionnel des militaires et ne doit pas se doter elle-même de toutes les compétences par le biais d’un personnel coûteux. »

Ses propositions trouveront-elles un écho favorable ? Il est encore trop tôt pour le dire. En revanche, les innombrables articles liés à l’acquisition du nouvel avion de combat, l’arrivée de cet homme à la tête de l’un des plus grands partis du pays et la situation géopolitique européenne et mondiale qui ne cesse de se détériorer, semblent replacer les questions de sécurité sur le devant de la scène en Suisse.

En dépit de ces éléments, il faudra manifestement encore du temps pour que l’opinion publique et les médias généralistes s’emparent sérieusement de la question. En effet, la guerre du Haut Karabagh, pourtant très riches d’enseignements, ou la mobilisation de 100 000 à 150 000 troupes russes à la frontières ukrainienne ce printemps n’ont guère été traitées chez nous, pas plus que la montée en puissance des armées chinoises, le timide réarmement occidental ou encore les ambitions turques. Le choix du nouvel avion de combat a quant à lui été abordé souvent uniquement du point de vue budgétaire, économique et diplomatique, mais rarement du point de vue géopolitique ou, très paradoxalement, militaire.

En définitive, les évolutions géopolitiques de ces dernières années et les défis qu’elles posent devraient redonner de l’importance aux questions de sécurité. En effet, la réapparition d’un risque de conflit majeur et les menaces posées par le réchauffement climatique ne pourront être ignorées longtemps, au risque de voir la Suisse être complètement dépassées d’un point de vue sécuritaire.

Sources :

https://lobbywatch.ch/fr/daten/parlamentarier/273/Thierry%20Burkart

https://www.24heures.ch/thierry-burkart-lhomme-cense-sauver-le-plr-627134018266

https://thierry-burkart.ch/standpunkte