
Même si la position du Conseil des États semblait être claire, encore fallait-il attendre qu’il se positionne officiellement. Par 32 voix contre 11, c’est désormais chose faite. Ainsi, le budget du DDPS augmentera dès 2023, de 300 millions par année, pour atteindre 1% du PIB d’ici 2030.
Si ce coefficient peut paraître faible en regard de nos voisins européens qui tendent en majorité à disposer d’un budget équivalent à 2% de leur PIB, rappelons que notre produit intérieur brut est extrêmement important et qu’un point suisse de celui-ci n’a évidemment pas la même valeur qu’un point polonais. Ensuite, la structure des coûts de l’armée suisse est sensiblement différente de celle de la plupart de nos voisins. En effet, nous n’avons pas de marine à entretenir, composante extrêmement coûteuse, tandis que les « salaires » de nos miliciens ne sont pas comptabilisés sur le budget de l’armée. Enfin, soulignons encore qu’il ne suffit pas de dépenser pour avoir des capacités, comme le montre bien l’Allemagne ou même les États-Unis. Le ministère de la défense de nos voisins germains dispose d’un budget supérieur à ceux des armées Françaises, et cela sans avoir à financer une force de dissuasion nucléaire, ni une marine équivalente à la « Royale ». Malgré tout, les forces armées allemandes sont dans un état absolument déplorable, faisant mentir le préjugé selon lequel les Allemands seraient d’excellents gestionnaires. C’est d’ailleurs bien pour cette raison qu’un fonds extraordinaire de 100 ( !) milliards de dollars a été débloqué dans l’urgence.
Ainsi, les forces terrestres et aériennes devraient pouvoir compter sur plus de moyens ces prochaines années, sans que la liste des besoins ne soit encore établie avec précisions, le Conseil fédéral comptant tabler sur les trois rapports relatifs aux deux forces précitées et celui sur le cyber pour définir ses nouveaux besoins et priorisations. Si les armements et les projets de cyberdéfense ont été largement évoqués durant les débats, le personnel professionnel, aussi bien civil que militaire, et l’immobilier semblent absents des réflexions à ce stade. Or ceux-ci auraient également besoin de fonds supplémentaires. Rappelons que le rapport sur les projets identifie de nombreux retards dus au manque de personnel spécialisé en matière informatique tandis que le Contrôle fédérale des finances a mis en évidence le mauvais état du parc immobilier du DDPS, l’un des plus grands du pays.
Si cette décision de principe est donc une bonne nouvelle, le département de la défense et sa cheffe ont encore de nombreux défis à relever pour que cette manne soit utilisée de manière judicieuse et efficiente.
Sources :
https://www.parlament.ch/fr/ratsbetrieb/suche-curia-vista/geschaeft?AffairId=20223367
https://www.efk.admin.ch/fr/component/docindexer/?task=download&id=4555