La vente de RUAG Ammotec est finalisée

Ligne de production de RUAG Ammotec

RUAG International l’a annoncé le 2 août dernier, toutes les actions de RUAG Ammotec ont été transférées à Beretta à la fin du mois de juillet. Ce faisant, l’entreprise italienne devient un acteur majeur de la fabrication des munitions de petit calibre en Europe, au moment où les États commencent à passer d’importantes commandes de munitions, comme la France, avec une commande de 600 millions d’euros, et alors qu’une pénurie de cartouches de 9 mm sévit sur le Vieux continent. La société transalpine ne pouvait rêver meilleur moment pour acquérir un des fleurons de l’industrie de l’armement helvète.

Les 2700 emplois et sites de productions sont donc désormais pleinement aux mains du groupe italien. À Thoune, les 400 collaborateurs de la fabrique de munitions sont assurés de conserver leurs postes pour les 5 prochaines années. En revanche, il n’y a aucune assurance sur la pérennité de ces emplois après cette échéance. Si nous estimions que la vente de RUAG Ammotec n’était pas forcément une mauvaise chose, pour peu que l’entreprise reste en mains suisses, force est de constater que c’est potentiellement vers le scénario du pire que nous nous dirigeons. Non seulement, la Confédération s’est privée de 40 millions de francs annuels, en contrepartie d’une rentrée d’argent unique de 400 à 500 millions de francs, mais en plus les bénéfices s’en iront maintenant à l’étranger tandis que les emplois ne sont absolument pas assurés. Les discours optimistes du Conseil des États n’ont donc trouvé aucun écho avec la dure réalité du très concurrentiel marché de l’industrie de l’armement. Et cela sans compter les considérations totalement hors sol des élus, que la guerre en Ukraine, comme la pandémie d’ailleurs, viennent contredire.

À noter que M. Thierry Burkart (AG), président du PLR), s’est beaucoup engagé pour cette privatisation lors des débats en plénum. Et pour cause ! Alors qu’il défendait âprement ses idées, dans un noble élan démocratique désintéressé, sa sœur était approchée par RUAG International pour siéger au sein de son Conseil d’administration. Une privatisation d’une nouvelle partie de l’ancienne régie fédérale ne pouvait que faire ses affaires. Mais, « promis juré craché, je savais pas, c’est purement fortuit ! »…

Ainsi, c’est une nouvelle perte pour l’industrie de l’armement suisse, par manque d’anticipation et dogmatisme de la part de nos politiciens, la gauche se réjouissant d’affaiblir ce secteur tandis que la droite préfère privatiser à tour de bras, tout en considérant qu’en cas de crise, « nos stocks seraient suffisant », ce qui est bien évidemment faux, et que les goulets d’étranglement se résorberaient rapidement, comme pour les masques pendant la pandémie… Nul besoin d’avoir des usines en Suisse donc, puisque tout peut être produit ailleurs, pour le plus grand bonheur des actionnaires.

RUAG International est donc aujourd’hui en grande partie en mains privées et se concentre dans le domaine aérospatial, avec Beyond Gravity (anciennement RUAG Space), RUAG Aerostructures et MRO International. Ce dernier comprend RUAG Australia Pty Ltd, qui devrait également être cédée cette année encore. Youpie !

Sources :

https://www.parlament.ch/fr/ratsbetrieb/amtliches-bulletin/amtliches-bulletin-die-verhandlungen?SubjectId=53949&fbclid=IwAR1i6Xvct757d0mRWq6LpQWS-23v0aq_cOhzHEbv5arpNK08tl9I2pF6fzQ#votum4

https://www.ruag.com/en/news/sale-ruag-ammotec-completed

https://www.24heures.ch/ruag-a-finalise-la-vente-dammotec-a-beretta-munitions-389042801318

https://www.20min.ch/fr/story/le-tir-de-loisir-face-au-manque-de-munitions-424093408883

https://www.swissinfo.ch/fre/comment-l-industrie-suisse-de-l-armement-tire-profit-de-la-guerre-en-ukraine/47552518

http://www.air-defense.net/actualit%C3%A9s/70243

https://www.24heures.ch/la-privatisation-de-ruag-met-le-boss-du-plr-dans-lembarras-525949267997