Un titre un peu agressif, certes, mais qui colle malgré tout à la réalité. Voyons plutôt.
La Commission de politique de sécurité du Conseil national devait se pencher sur le message sur l’armée 2022, ce qu’elle a fait entre le 4 et le 5 juillet. Pour rappel, ce message comprend notamment l’acquisition du F-35A et du système antiaérien Patriot.
L’acquisition de ce dernier et le programme immobilier n’ont pas été contestés. Concernant l’avion de Lockheed-Martin, les conseillers ont accepté de rentrer en matière par 22 voix contre 3. La commission n’a en revanche pas pris de décision définitive quant au soutien à cette acquisition, souhaitant attendre que les rapports du Contrôle fédéral des finances et de la Commission de gestion du Conseil national aient pu être consultés, ce qui devrait être fait d’ici mi-septembre. En cela, la commission se montre prudente et souhaite se prononcer en ayant toutes les cartes en mains. Une proposition émanant de la gauche a été repoussée par 17 voix contre 8. Elle visait à présenter un projet d’acquisition d’un avion de combat européen. Une autre souhaitait que le nombre d’avions soit diminué si les coûts augmentaient. Elle a connu le même sort. Il parait en effet que la peine serait double : les coûts de maintenance à l’unité grimperaient en flèche avec une flotte réduite. En revanche, la commission a voté pour que le contrat soit signé dès que le Parlement aura donné son feu vert, soit à la fin de cette année. Rappelons que l’offre actuelle du constructeur américain prend fin en mars 2023.
La commission a également débattu plus largement sur le programme d’acquisition de matériel de l’armée et le programme d’armement. En effet, un projet d’acquisition d’une tranche supplémentaire de mortier 12 cm 16 a été présenté. Or ce système a connu de nombreux retards, n’est pas encore entrée en service et coûte étonnamment cher (14.5 millions par pièce) en regard de la catégorie d’armement. Comme d’habitude, les subventions versées aux sociétés de tir ont été débattue. À noter que la proposition de réduire celles-ci n’a été écartée que par 15 voix contre 10.
Enfin, et c’est là où les choses partent dans une direction relativement malvenue à notre sens, la Commission de politique de sécurité du Conseil national, comme son homologue du Conseil des États, s’est prononcée contre la mise hors service des avions de combat F-5. Il reste actuellement 25 de ces aéronefs, absolument plus capables d’assurer quoi que ce soit, sinon les missions de plastron dans les exercices et la représentation au sein de la Patrouille suisse. Les militaires souhaitaient donc les mettre au rebut, et ainsi dégager une appréciable économie annuelle de 44 millions de francs (8 millions pour le personnel, 30 millions pour la maintenance et 6 millions pour le carburant). Malgré cela, la commission n’est même pas rentrée en matière, arguant qu’il fallait attendre que le premier escadron de F-35 soit opérationnel, ce qui ne devrait arriver qu’en 2030, date à laquelle ces avions auront encore perdu de leur potentiel et de leur sécurité, tandis que les coûts auront encore augmenté. C’est faire fi de toute considération opérationnelle et technique pour ce qui semble être un sentiment de nostalgie mal placé, et qui plus est très onéreux, à l’heure où l’armée devrait concentrer ses ressources sur les nouvelles acquisitions, la rénovation de son parc immobilier et l’engagement de spécialistes pour accompagner tous ces processus.
Il semblerait donc que la majorité de la Commission de politique de sécurité n’ait pas entièrement réalisé l’urgence dans laquelle se trouvait l’armée suisse actuellement.
Sources :
https://www.parlament.ch/press-releases/Pages/mm-sik-n-2022-07-05.aspx?lang=1036
