Initiative « service citoyen » : entre soulagement et inquiétude

L'initiative "service citoyen" doit-elle rebrasser les cartes entre les différentes organisations existantes?

C’est fait. Les citoyens suisses ont voté. Avec un taux de participation de près de 43%, ils ont très sèchement refusé l’initiative « service citoyen » qui visait à imposer à tous les possesseurs d’un passeport à croix blanche, voire les résidents étrangers, une obligation de servir dans l’armée, la PCi ou encore le service civil. Ce sont en effet plus de 84% des votants qui ont rejeté cette proposition, infligeant aux initiants une déculottée comme on en voit rarement dans le paysage politique suisse.

Il faut évidemment s’en réjouir. Comme nous le disions il y a quelques semaines, cette refonte de la conscription entraînait d’importants changements et risques pour l’armée, au moment où celle-ci doit déjà en gérer passablement. Il aurait été douteux que l’arrivée de cohortes d’appelés, dont on n’aurait pas toujours su que faire, n’empire pas les choses.

Mais si le résultat du jour est considéré comme une victoire pour Martin Pfister et les milieux favorables à l’armée, il ne faudrait pas pécher par excès d’optimisme pour la suite. En effet, ce franc rejet témoigne aussi de la (très) mauvaise image dont jouit la conscription dans notre pays. Beaucoup de citoyens ont dû juger qu’il ne serait pas pertinent d’y soumettre les femmes, tant celle-ci est vue comme une perte de temps ou d’argent.

Dans ce cadre, de très importants efforts de communication devront être fournis par le Conseil fédéral, le DDPS, la droite et les différentes sociétés et organisations ayant trait à la sécurité. Car des scrutins sur le service militaire, il y en aura encore quelques-uns ! En effet, ces prochaines années, nous devrons encore voter sur l’introduction de la journée d’information pour les femmes, la fusion de la PCi et du service civil en un organe de gestion des catastrophes naturelles et un référendum contre le durcissement de l’accès au service civil.

Ces différents objets seront autant d’occasion pour les adversaires du service militaire et de l’armée en général de descendre en flèche l’institution. Le problème pour celle-ci est que ces critiques sont loin d’être infondées. Il reviendra donc au DDPS de tout faire pour améliorer quelque peu l’encadrement des conscrits dans ces prochains mois et éviter les scandales. Les entités promouvant la sécurité, comme les sociétés d’officiers, ou nous-mêmes devront déployer des trésors de communication pour convaincre les citoyens du bienfondé de ces mesures.

Le travail ne fait que commencer !

Sources :

Chancellerie fédérale, « Votation n°680, Résultat officiel », 30.11.2025 : https://www.bk.admin.ch/ch/f/pore/va/20251130/can680.html

CHEVILLOT, Annick, « Le Service citoyen se prend une claque dans les urnes », in Le Temps, 30.11.2025 : https://www.letemps.ch/suisse/le-service-citoyen-se-prend-une-claque-dans-les-urnes