De nouveaux blindés pour les troupes du génie

Char de pionniers 21, ©GDELS (https://www.gdels.com/de/products/wheeled-vehicles/piranha)

Les miliciens de l’armée suisse connaissent très bien les véhicules de sapeurs de chars, puisqu’ils les utilisent depuis… 1963 ! En effet, c’est à la veille de la Guerre du Vietnam que les M113 de transport chenillés sont entrés en service dans les troupes terrestres. Au total, plus de 1500 de ces engins ont été acquis en 4 tranches entre 1963 et 1979. Des améliorations et modifications leur ont évidemment été apportées durant leur presque 60 années de service. En tout, ce sont près de 20 versions différentes qui auront été utilisées par les soldats suisses.

Malgré tout, ces véhicules accusent aujourd’hui sérieusement le poids des ans. Une bonne partie du parc a déjà été remplacée ou simplement envoyée à la casse, sans qu’il n’y ait toujours de solution pour leur succéder. Ce fut par exemple le cas avec le char lance-mine 64 /91, mis au rebut en 2009 et qui ne sera remplacé par le Mortier 16 qu’à l’horizon 2024, après un développement pour le moins compliqué.

Les troupes du génie étant encore équipées du vénérable M113, le Conseil fédéral a proposé un programme pour les remplacer lors de la session parlementaire d’été, dans le cadre du message sur l’armée 2021, qui comprend tous les investissements effectués par le DDPS. Il est donc question d’acquérir 60 Piranha IV, le même qui armera le Mortier 16 susnommé. Ils seront équipés d’un tourelleau téléopéré et d’une lame d’évacuation. Le programme comprend également le matériel d’instruction et les pièces de rechange pour 360 millions de francs, soit tout de même 6 millions de francs par véhicule. Ces engins seront fabriqués à Kreuzligen (TG) par Mowag S.à.r.l., qui appartient au groupe General Dynamics European Land Systems. Ils devraient être livrés à partir de 2025 et rester en service jusqu’à 2055.

Évidemment, cette acquisition n’est pas passée comme une lettre à la poste au Parlement. La gauche a en effet tenté de torpiller le projet. Elle a tout d’abord essayé d’empêcher l’entrée en matière sur le programme d’armement 2021, puis a ensuite proposé de réduire l’enveloppe de l’acquisition d’un tiers, ou de tout simplement se passer de véhicules de sapeurs de char. Léonore Porchet (V, VD) a par exemple expliqué que ces « nouveaux jouets inutiles » n’étaient absolument plus adaptés à la réalité stratégique et tactique d’aujourd’hui, tandis que Prisca Seiler Graf (PS, ZH) a prédit que « sur le sol suisse, il n’y aura pratiquement jamais de guerre de ce type dans laquelle l’artillerie serait effectivement utilisée de cette manière ».

À l’opposé, le PDC, le PLR et l’UDC ont soutenu le projet. Outre le remplacement de véhicules vieillissant et l’importance des capacités du génie, Mme Amherd a indiqué qu’il s’agissait pour le DDPS de se rapprocher de ses objectifs climatiques, cette flotte étant moins importante et plus efficiente que celle qu’elle remplace. C’est que le Département de la défense doit réduire ses émissions de 40% d’ici 2030. Il produit actuellement 220 000 tonnes de CO2 contre, dont la moitié pour les seules Forces aériennes, contre… 40 000 pour le reste de l’administration fédérale. Il a donc encore passablement de travail devant lui pour remplir ses buts environnementaux.

Quoi qu’il en soit, Le Parlement a accepté ce poste tel que proposé par le Conseil fédéral. Ainsi, sauf surprise au Conseil des États, les jours du M113 sont comptés… et ce n’est pas plus mal !

Sources :

https://www.newsd.admin.ch/newsd/message/attachments/65299.pdf

https://www.newsd.admin.ch/newsd/message/attachments/66855.pdf

https://www.parlament.ch/fr/ratsbetrieb/amtliches-bulletin/amtliches-bulletin-die-verhandlungen?SubjectId=53136