Comme chaque année, le DDPS publie un document listant l’intégralité de ses investissements. Celui-ci se décompose en 3 catégories : le programme d’armement, l’acquisition de matériel et le programme immobilier.
Nous ne nous pencherons pas sur le premier volet. Non pas que cela ne nous intéresse pas, mais nous avons déjà passablement parlé du F-35 et du Patriot et le message sur l’armée ne nous apprend rien de nouveau sur cette acquisition.
Aujourd’hui, c’est le volet consacré à l’acquisition de matériel qui nous intéressera. Celui-ci se monte à 695 millions de francs et se partage également en 3 catégories : études de projets, essais et préparatifs d’achats (145 millions), équipement personnel et matériel à renouveler (400 millions) et munition d’instruction et gestion des munitions pour 150 millions de francs.
Les essais et préparatifs d’achats sont dédiés au renouvellement de notre système d’artillerie, déjà passablement obsolète aujourd’hui et qui sera retiré du service d’ici la fin de la décennie ainsi qu’à différents simulateurs de l’armée, qui doivent régulièrement être mis à jour. Cela vise à intégrer de nouveaux simulateurs de tir à laser sur les véhicules. Ce volet comprend également des tests concernant la lutte contre les drones légers (2 à 20 kg) et le matériel d’aide au commandement, qui en constitue le plus gros crédit (68.1 millions). Concernant ce dernier, il s’agit de planifier et tester les investissements dans les centres de calcul, dans le réseau de conduite suisse et dans d’autres systèmes de communication et de conduite de manière à homogénéiser les plateformes. Ensuite, il est « prévu d’acquérir un système d’information intégré pour la planification et le suivi de la situation. Ce système soutiendra numériquement et simplifiera la planification de l’action, la conduite et le suivi de la situation, et ce à tous les niveaux de conduite de l’armée. Le crédit est destiné à réaliser des études, des simulations, des acquisitions de matériel et de logiciels, et des essais techniques. » Enfin, il s’agit de réaliser des clarifications techniques et autres examens préalables, notamment sur la stratégie environnementale du DDPS, pour 34.9 millions de francs.
L’équipement personnel comporte de très nombreuses acquisitions également, qui vont de 400 000 francs pour des chaussures à 174.8 millions pour du matériel d’aide au commandement. Cette seconde dépense, comme pour le volet consacré à l’étude de projets, vise à maintenir et développer l’infrastructure informatique de l’armée. L’objectif est notamment de faire face à l’environnement cyber de plus en plus contesté. Ainsi, un système de détection des intrusions sera acquis. Dans le même ordre d’idée, une solution standardisée d’échange de données entre les réseaux et systèmes de l’armée ainsi que les partenaires externes sera mise en place. Le Service de renseignement de l’armée verra quant à lui sont infrastructure informatique être complètement renouvelée.
Concernant les communications, une acquisition partielle, faisant suite à celle de 2018, sera effectuée. Les systèmes radios acquis auront pour objectif de permettre aux forces terrestres et aériennes d’avoir accès au réseau Polycom de manière sécurisée. De même, des ordinateurs permettant la communication seront acquis dans le cadre du système Florako, dédié à la surveillance de l’espace aérien.
Les deux simulateurs d’hélicoptère d’Emmen seront remis à niveau, tandis que ceux pour véhicules à moteur de Thoune seront remplacés. Une commande de pièces de rechange pour le système de DCA 35 mm sera passée, de manière à assurer son maintien en service jusqu’en 2032. Enfin, de nouveaux appareils de détection NBC seront acquis. Dans les investissements annoncés mais non précisés dans le message se trouvent également de l’habillement (21.4 millions), de l’armement (0.5 million), des bagages et effets d’équipement particuliers (14.7 millions) et des divers (37.6 millions), dont des véhicules électriques.
Enfin, le dernier volet comprend l’acquisition et maintenance de munitions, y compris remise de munitions à des sociétés de tir pour 133.5 millions. Il s’agit d’acheter des projectiles pour fusil et pistolet, des munitions de 12.7 mm pour la mitrailleuse 64 et des grenades de 40 mm pour fusil. Ce crédit fera certainement reparler de lui, comme chaque année, la gauche souhaitant que les sociétés de tir ne soient plus « sponsorisées » par l’armée au travers des tirs obligatoires. Le reste de ce volet est consacré à la révision de munitions (7.2 millions) et l’élimination de munitions et de matériel (9.3 millions).
On le voit donc bien, l’armée continue d’investir assez largement dans son infrastructure informatique, puisque 242.9 millions de francs sont consacrés à cette problématique. Celle-ci n’arrête en effet pas de prendre de l’ampleur, que ce soit de manière locale avec les différentes collectivités publiques et entreprises suisses subissant les cyberattaques, ou plus globale, comme nous pouvons le constater ces derniers jours avec les attaques informatiques dont l’Ukraine a été l’objet.
Sources :
https://www.vbs.admin.ch/fr/securite/armee/messages-armee/message-armee-2022.html#eep-instruction
