
On chercherait à faire une parodie qu’on ne s’y prendrait pas autrement. Et pourtant.
En effet, en 2022, le Parlement, et notamment le Parti Le Centre (quel nom définitivement moisi, à mettre aux côtés de « La Télé » et autres coups de maître des boîtes de comm’, qui peuvent apparemment vendre n’importe quoi, mais c’est un autre sujet), avait soutenu l’augmentation rapide et importante du budget de l’armée lors d’une session extraordinaire en mai 2022. L’objectif était alors de dépenser environ 1% du PIB d’ici 2030, soit un objectif relativement modeste par rapport aux nations membres de l’OTAN, qui visent plutôt les 2%. C’est que la guerre en Ukraine avait alors mis en évidence que toute la planète n’avait pas forcément envie de se tenir par la main en chantant « peace and love », mais aussi que notre armée n’était, Ô surprise, plus forcément au meilleur de sa forme après 25 ans de coupes dans les effectifs et les budgets.
Fort bien.
Le Centre avait continué sur cette lancée et avait d’ailleurs misé sur le renforcement de notre armée pour les élections fédérales d’octobre dernier. Cependant, la Conseillère Fédérale en charges des finances, Karin Keller Sutter a bien vite expliqué, comme son prédécesseur Ueli Maurer, que le niveau des dépenses fédérales semblait trop élevé dans les années à venir, et qu’il faudrait donc l’abaisser quelque peu. Les élus au Parlement du Centre ainsi que leur conseillère fédérale ne se sont donc pas trop fait prier et ont docilement accepté la demande de KKS. Il semblerait, en fait, que seul Guy Parmelin ait un peu défendu le DDPS, les autres conseillers fédéraux ne s’étant pas trop démenés pour cela, pas même la cheffe de l’armée…
Ainsi, les membres de l’ancien PDC se sont finalement ravisés lors de la dernière session parlementaire de 2023 et ont repoussé l’objectif d’atteindre 1% du PIB dépensé pour la défense à 2035, empêchant ainsi un certain nombre d’investissements de voir le jour. Faisant office de pivot dans la chambre du peuple, leurs voix est souvent prépondérante pour former des majorités.
Dès lors, Thomas Süssli, le chef de l’armée, n’a plus eu de cesse d’alerter les politiciens sur l’état de l’armée et les problèmes à venir si l’armée ne pouvait pas compter sur les montants initialement envisagés. Il a manifestement été entendu puisque les membres du Centre ont… à nouveau changé d’avis ! En effet, plusieurs d’entre eux ont déclaré qu’ils allaient finalement demander de conserver l’objectif de 2030, puisqu’ils ne savaient pas que remettre sur pied une armée laissée à l’abandon durant des décennies coûte de l’argent…
On en rirait presque si on ne parlait pas des gens qui dirigent le pays. Ceux-ci feignent manifestement de prendre des décisions ayant un impact budgétaire important « sans savoir » quel est leur impact financer (n’est-ce pourtant pas là leur boulot ?) et sont prêts à changer d’avis comme de chemise. Si ce retournement de situation pourrait être bénéfique pour l’armée, il met en lumière la difficulté qu’a le DDPS à être considéré comme autre chose qu’une simple variable d’ajustement budgétaire et quelle énergie nos élus investissent dans les questions militaires…
Sources :
https://www.24heures.ch/budget-de-larmee-suisse-778947379814
https://magazin.nzz.ch/nzz-am-sonntag/schweiz/armeechaos-ld.1777192?reduced=true