
Depuis quelques années, la Protection civile (PCi) connaît le même sort que l’armée, à savoir une diminution de ses effectifs. En effet, alors qu’il avait été estimé en 2015 que 72 000 incorporés étaient nécessaires, seuls 60 000 individus sont actuellement comptabilisés dans les différents contingents cantonaux, ce qui menace évidemment les structures et le profil de prestation qu’elles offrent. Si cette importante baisse s’est fait ressentir, c’est notamment parce que l’armée a introduit le concept « d’aptitude différenciée ». Sous cette séduisante appellation se cache en fait l’assouplissement des critères de recrutement, l’objectif étant d’incorporer les individus moins capables physiquement parlant à des postes n’impliquant pas forcément d’importants efforts, comme les bureaux, la cuisine, etc. Seulement, rappelons que seules les personnes déclarées inaptes à l’armée peuvent intégrer la PCi. L’on voit donc bien quel problème l’aptitude différenciée a vite engendré pour les cantons.
En outre, la simplification de l’accès au service civil en 2009, avec la suppression du fameux « examen de conscience » a fait exploser le nombre d’admissions. Depuis lors, c’est le concept de « la preuve par l’acte qui fait foi ». Considérant qu’il fallait avoir de réelles motivations pour accomplir un service 1.5 fois plus long, il a été jugé, en pleine période des « dividendes de la paix », que l’audition par une commission d’admission n’était plus nécessaire. L’un dans l’autre, ce sont donc de nombreux conscrits qui ont échappé à la PCi.
Pour pallier ce problème, le Conseil fédéral soumet aux chambres un projet de modification de la loi fédérale sur la protection de la population et sur la protection civile. Celle-ci prévoit d’agir autant sur le service civil que sur les conscrits de l’armée pour renforcer les effectifs de la protection civile. En effet, les organisations de protection civile des cantons qui présentent un sous-effectif et qui auraient épuisé tous les moyens pour remédier à cela seraient reconnues comme établissements d’affectation du service civil tandis que les personnes astreintes au service civil pourraient être tenues d’y accomplir une partie de leur obligation de servir.
Concernant les militaires, ceux qui n’auraient pas encore accompli leur école de recrues à la fin de leur 25ème année et ceux qui se verraient déclarés inaptes au service militaire après leur école de recrues et ayant encore au minimum 80 jours de service à accomplir se verraient astreints à la PCi.
Ces mesures, si elles permettront certainement de retrouver un peu d’épaisseur numérique, ne semblent toutefois pas être en mesure de changer considérablement la donne. Selon toute vraisemblance, il faudra bien que les cantons fassent le même exercice que l’armée, à savoir réfléchir à la manière de rendre la protection civile plus attractive aux yeux des citoyens, tandis que le Parlement n’échappera pas à un débat sur l’accessibilité au service civil, qui semble menacer tout l’appareil sécuritaire du pays.
Sources :
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