Un romand succédera-t-il à Thomas Süssli ?

Le Commandant de corps et Chef de l'Armée Thomas Süssli, @DDPS (https://www.vtg.admin.ch/fr/chef-de-larmee)

Après la vague de démissions au sommet du DDPS de ce début d’année et l’entrée en fonction du nouveau conseiller fédéral en charge de ce département, il a enfin pu être question de la succession de ces nombreux cadres sur le départ.

Pour remplacer Thomas Süssli, qui reste en fonction jusqu’à la fin de l’année, une commission de sélection a été mise sur pied au milieu du mois de mai. Elle est chargée d’évaluer les candidatures et de les présenter à Martin Pfister. Ce dernier fera ensuite une proposition au Conseil fédéral sur la base des travaux de cette commission. Elle est composée des sept personnes suivantes :

  • Daniel Büchel, secrétaire général du DDPS (présidence)
  • Norman Gobbi, conseiller d’État et président du gouvernement tessinois, chef du Département des institutions, président de la Conférence gouvernementale des affaires militaires, de la protection civile et des sapeurs-pompiers (CG MPS)
  • Karin Kayser-Frutschi, conseillère d’État et cheffe de la Direction de la justice et de la sécurité du canton de Nidwald, coprésidente de la Conférence des directrices et directeurs des départements cantonaux de justice et police (CCDJD)
  • Vassilis Venizelos, conseiller d’État et chef du Département de la jeunesse, de l’environnement et de la sécurité (DJES) du canton de Vaud
  • Melchior Stoller, divisionnaire et conseiller du chef du DDPS en matière de politique militaire
  • Dominique Andrey, commandant de corps libéré du service et président de l’Association suisse d’histoire et de sciences militaires et membre associé au Centre de politique de sécurité de Genève, ancien conseiller du chef du DDPS en matière de politique militaire
  • Marc Siegenthaler, secrétaire général suppléant et chef Ressources du DDPS

Cette assemblée rassemble donc des civils comme des militaires, même s’il manque curieusement un représentant de l’Assemblée fédérale. Les conseillers d’État ont des profils politiques variés, le premier étant issu de la Lega, la seconde du Centre et le troisième des Verts, mais tous ont des départements ou des mandats en lien avec les questions de sécurité. Les deux militaires sont soit un proche du Conseiller fédéral, soit un commandant de corps libéré, nous laissant penser que le corps des officiers n’aura pas forcément la plus grande influence au sein de cet organe de sélection.

Et pour sélectionner qui, d’ailleurs ? Plusieurs noms circulent en effet déjà, parmi la cinquantaine de papables, qui ne peuvent être recrutés que parmi les commandants de corps, divisionnaires et brigadiers, ce qui favorise les militaires de carrière et peut donc empêcher les miliciens, comme l’était Süssli, d’atteindre le dernier carré. Et quel doit être son profil ? Si le futur chef de l’armée doit évidemment avoir d’excellentes compétences de conduite, il doit également être un bon communicant. Cela pour redonner un peu de lustre à la réputation de l’armée, qui a passablement souffert ces derniers mois, mais aussi pour discuter avec les politiciens, qu’il s’agira de convaincre, notamment sur les questions budgétaires, le nerf de la guerre.

Les papables romands semblent être Alain Vuitel, chef d’état-major de l’Instruction opérative, ou Raynald Droz, le remplaçant du commandant des opérations durant la pandémie de Covid-19, qui a connu une certaine médiatisation grâce aux régulières conférences de presse durant cet épisode, et nouveau commandant de la Division territoriale 1. Chez les Suisses-allemands, ce sont les divisionnaires Benedikt Roos, le Commandant des Forces terrestres et Rolf André Siegenthaler, Chef de la Base logistique de l’Armée, qui ont les faveurs de la cote.

Comme à chaque occasion de ce genre, l’on ressort le nom de Germaine Seewer, seule femme membre du corps des officiers généraux. Malgré sa détermination et sa carrière militaire honorable, elle ne fait cependant pas partie des favoris et sa nomination serait vue comme alibi, quelles que soient ses qualités par ailleurs.

Un nom semble toutefois se détacher, celui du Commandant de corps vaudois Laurent Michaud, Chef du commandement des opérations. Âgé de 59 ans, ce technicien à la poigne de fer serait vu comme le candidat idéal pour remettre de l’ordre dans un DDPS en difficulté. En revanche, ce n’est rien de dire que sa manière de diriger, toute militaire qu’elle est, risque de ne pas être des plus fédératrices, ni de charmer l’opinion publique et les politiciens.

Quel qu’il soit, le nouveau chef de l’armée aura beaucoup de pain sur la planche. Il s’agira de gérer la remontée en puissance de l’armée, de pallier le problème des effectifs, de remettre de l’ordre dans la gestion des projets d’acquisition, le tout pour restaurer la confiance de la population suisse dans son outil de défense.

Sources :

Communiqué de presse du DDPS du 15.05.2025 : https://www.vbs.admin.ch/fr/newnsb/NPKQ9pTS_9_swYdoPfQtQ

Liste des officiers généraux : https://www.vtg.admin.ch/fr/officiers-generaux

RTS Info, le 16.05.2025 : https://www.rts.ch/info/suisse/2025/article/nouveau-chef-de-l-armee-suisse-50-officiers-en-lice-pour-le-poste-28885735.html

24 heures, le 27.02.2025 : https://www.24heures.ch/un-romand-succedera-t-il-au-chef-de-larmee-712589276707