L’armée abandonne sa page Facebook

L'armée suisse sur TikTok, image d'illustration, @RTS (https://www.rts.ch/info/suisse/14435362-larmee-suisse-debarque-sur-tiktok-a-contrecourant-des-administrations-occidentales.html)

Vous pourriez nous dire « Oui ben des fois, on a l’impression que vous abandonnez la vôtre ! » et vous n’auriez pas tort. Mais trêve de mesquinerie.

Le 27 mars dernier, la page Facebook de l’armée a indiqué dans un message laconique dire « au revoir » à sa communauté, sans plus de précision. Nous en avons donc demandé auprès de DDPS et voici ce qu’ils ont pu nous dire.

Si ladite page ne sera pas supprimée, elle ne sera quoi qu’il en soit plus alimentée. La raison de cet abandon est que cette plateforme était en perte de vitesse, tandis que les autres canaux continuent de progresser. En effet, pour communiquer auprès des jeunes générations, l’armée a fait le pari d’ouvrir des comptes sur Instagram et Tik Tok. Ce dernier réseau social a fait couler beaucoup d’encre, notamment du fait de son côté très addictif, mais aussi pour des raisons de sécurité nationale liées notamment au risque d’espionnage. C’est notamment pour cela que de nombreuses administrations occidentales ont totalement fait l’impasse sur ce canal.

Il est vrai que Facebook est une plateforme dont l’audience est de plus en plus vieillissante, et les arcanes de plus en plus complexes, la rendant moins attractive pour un organisme visant notamment à attirer les plus jeunes dans ses rangs. L’armée aurait toutefois tort de penser qu’elle ne doit s’adresser qu’aux plus jeunes, puisque ce sont bien évidemment tous les citoyens qui ont le pouvoir de se prononcer lors d’éventuelles votations sur l’armée. L’on a bien vu lors de celle sur le renouvellement de notre flotte d’avion de chasse qu’une très fine majorité de citoyens soutenait l’armée. Cette dernière devrait, à notre sens, renforcer sa communication tous azimuts, même sur les plateformes vieillissantes, plutôt que d’opérer des coupes sèches.

Le DDPS nous a indiqué rester sur LinkedIn et X, en ce qui concerne les publics plus âgés, mais il faut bien avouer que les audiences respectives de ces deux réseaux sont bien moins conséquentes que celle du géant bleu.

Il nous a également expliqué que la situation financière étant tendue, aucun nouveau poste n’avait été attribué à la communication de l’armée et que ce service devait donc faire des choix dans l’attribution de ses ressources humaines. Une chaîne Youtube étant en cours de création, c’est notamment là qu’elles ont été attribuées.

Si les impératifs économiques sont compréhensibles, l’armée suisse aura, dans l’impressionnante liste des chantiers à mener, un important travail de communication à faire pour reconquérir le cœur des Suisses, dont une part significative ne voit dans le département de la défense qu’un énorme gaspillage de temps et d’argent. Comme souligné dans les colonnes de la Revue Militaire Suisse, la guerre en Ukraine a bien montré à quel point les questions d’image relevaient aujourd’hui du domaine stratégique.

Quoi qu’il en soit, ces considérations nous font également réfléchir à l’avenir de « Livret de Service », et si nous ne souhaitons évidemment pas abandonner Facebook, la question se posera de la forme que doit prendre ce « média » à l’avenir, la page frôlant les 1000 « j’aime ». Il apparaît en effet que retranscrire des articles de plusieurs pages A4 sur Facebook n’est certainement pas la manière la plus pertinente de procéder. Nous aurons certainement l’occasion d’y revenir lorsque nous aurons pu nous pencher sur la chose !

Sources :

https://fb.watch/rfOPCZEG1A

https://www.rts.ch/info/suisse/13861646-larmee-suisse-veut-se-lancer-sur-tiktok-malgre-les-soupcons-despionnage.html

EBENER, Lena, REY, Nicolas, « Conflit ukrainien : la première « guerre Tik Tok », in Revue Militaire Suisse, N° Thématique 1 – Ukraine, 2023, pp. 56-59.