
Après une petite pause, nous revoici pour la dernière partie du rapport sur les projets 2023. Celle-ci porte notamment sur les programmes visant à séparer les activités étatiques de celles privées d’Armasuisse, ainsi que les activités civiles des activités militaires de l’administration fédérale.
Cet ultime volet comprend donc 4 projets, à savoir EBUV – Dissociation des prestations BURAUT/UCC du Groupement Défense, RUVER – Dissociation des prestations informatiques critiques pour l’engagement militaire et des prestations informatiques non critiques pour l’engagement militaire, Systèmes ERP D/ar – Systèmes de planification des ressources de l’entreprise Défense/armasuisse et Ancien dépôt de munitions de Mitholz.
Le premier, EBUV, a pour objectif de donner à l’Office fédéral de l’informatique (OFIT) et de la télécommunication ou à des acteurs privés les prestations informatiques de base, qui étaient jusqu’ici effectuées par la Base d’aide au commandement, dissoute à la fin de 2023 et transformée en Commandement Cyber. Cette manœuvre doit permettre de standardiser tous les services informatiques de l’administration fédérale, les différents départements, et notamment le DDPS, travaillant en quelque sorte chacun de leur côté avec des standards et matériels parfois différents entre eux. Devant se terminer l’année prochaine, ce projet se déroule conformément au calendrier initialement prévu. Il en va de même pour le cadre financier, qui se monte à 48 millions de francs.
Le deuxième, dénommé RUVER, a quelques similarités avec EBUV, à savoir que le but est de transférer à l’OFIT toutes les prestations qui ne sont pas exclusives au DDPS, c’est-à-dire les applications à usage strictement militaire. Bien évidemment et comme pour le projet précédent, il devrait en découler des économies d’échelle, notamment grâce aux licences et achats de matériel, négociés sur de plus grandes quantités. Là encore, les opérations, peu coûteuses (14 millions) se déroulent comme prévu et devraient se terminer en 2025.
Le projet Systèmes ERP D/ar vise à planifier le remplacement du logiciel de gestion et de planification des processus commerciaux bien connu de nombreuses entreprises : SAP. Celui-ci ne sera plus mis à jour par son fournisseur à l’horizon 2030. L’armée utilisant intensivement cette plateforme, il convient d’anticiper son remplacement par son successeur, SAP S/4HANA et la migration des données d’un logiciel à l’autre. D’une valeur de 240 millions de francs, ce projet suit actuellement son cours et devrait se terminer comme prévu, en 2026. Comme on peut le voir, ces différents projets se déroulent bien, ce qui est plus l’exception que la règle au DDPS concernant l’informatique. Peut-être l’aspect plus civil que militaire de ceux-ci y est pour quelque chose dans la bonne tenue des finances et des délais.
Le dernier projet concerne l’assainissement de l’ancien dépôt de munitions de Mitholz. Pour rappel, l’armée avait construit dans une petite localité proche de Kandersteg un dépôt de munitions durant la Seconde Guerre mondiale. Celui-ci explosa en 1947, y laissant, selon les spécialistes, 3500 tonnes de munitions. Et tout cela s’y trouve toujours. De brillants experts avaient prévu d’y implanter le nouveau centre de calcul de l’armée, mais le projet dût finalement être déplacé puisque, Ô surprise, il faut sécuriser et dépolluer tout le site. Bien entendu, ce travail, impliquant de traiter toutes les munitions enfouies et les terres polluées, sera très long et coûteux. Il est en effet prévu que ce projet se termine dans 21 ans et coûte près de 2.6 milliards de francs ! En détail, les travaux de planification doivent se dérouler jusqu’en 2027, puis l’évacuation de la population, la protection des infrastructures et les travaux préparatoires prendront 5 ans, après quoi le « vrai » chantier devrait durer 7 ans, soit jusqu’en 2040. Enfin, ne restera plus qu’à remettre le site en état et faire revenir la population. Étant donné que les travaux impliquant les sous-sols sont toujours sujets à beaucoup d’inconnues, la réserve financière se monte à 360 millions de francs, tandis que le renchérissement sur la période se monte à 760 millions de francs. Bien évidemment, c’est une bonne chose que ce site soit assaini mais ce projet titanesque va absorber beaucoup de ressources humaines et financières à un moment critique pour le DDPS.
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